LA
GENÈSE
"
Livre
des
origines
et des
promesses
"
cETTE
humanité,
qui va
vers
Dieu,
vient de
lui
comme
tout ce
qui
existe.
Tel est
le
premier
thème développé
dans le
livre de
la «
GENÈSE
» (du
grec
Génésis,
« Création
»), désigné
en hébreu
par son
mot
initial Beréchit,
« au
commencement
».
L'ouvrage
comporte
lui-même
deux
parties,
de
genres
littéraires
très
différents
mais
dont les
matériaux
composites
s'ordonnent
bien en
un seul
monument
: témoignage
de
l'immensurable
période
qui va
des
origines
du monde
à la
première
page de
l'histoire
d'Israël.
|
Les
onze
premiers
chapitres
racontent
à eux
seuls
les ères
et les
époques
qui séparent
l'explosion
primitive
dont nos
radiotélescopes
poursuivent
toujours
le
grondement,
de l'âge
du
Bronze
moyen
sur
notre
terre, où
meurt
l'homme
qui fut
le père
d'Abraham,
au début
du 2e
millénaire
av.
J.C...
Faut-il
dire
qu'ils
le font
à
grands
traits?
Poèmes
prophétiques
et leçons
de maître
se complètent
Sans
rapport
avec le
langage
de
l'histoire
au sens
où on
l'entend
de nos
jours,
le
discours
qu'on y
découvre
est
surtout
celui
d'un
prophète
au
puissant
talent
poétique,
ou celui
d'un
enseignant
de
sagesse.
Deux
documents,
rédigés
selon
chacune
des deux
manières,
ont été
exploités
par les
rédacteurs
du texte
définitif
:
parfois
en
juxtaposition,
comme il
en va
des deux
récits
de la Création
(chapitres
1 et 2),
parfois
en
composition
comme il
en est
des récits
concernant
le Déluge
(chapitres
6 à 8).
Le
document
où
domine
le ton
poétique
pourrait
dater
du
règne
de
Salomon
et de
ses
successeurs
immédiats
(10e-9e
sc. av.
J.C.);
il est
dit «
document
yahviste
»
parce
qu'il
donne à
Dieu le
nom de
Yahvé.
L'autre,
où
domine
le ton
didactique,
appartient
au trésor
intellectuel
du
Temple
de Jérusalem
: déporté
avec les
prêtres
en
Babylonie
où
ceux-ci
le
mirent
en
ordre,
il fut
rapatrié
avec eux
(6e sc.
av.
J.C.);
on le
dit «
document
sacerdotal
».
L'un
et
l'autre
rassemblent
assurément
des
traditions
écrites
antérieures
et des
traditions
orales
beaucoup
plus
anciennes,
que
chacun
rend
dans son
style
propre,
en usant
des
images
accessibles
à
l'auditoire
de son
époque
et en
faisant
appel
aux
connaissances
alors reçues et
dans l'état
où
elles le
sont.
Ce
«
savoir
» déborde
la
science
Sous
la forme
combien
fastueuse
qui
l'enveloppe,
il
convient
d'entendre
le vrai
propos.
Il n'est
pas de
fournir
l'histoire
scientifique
de la
naissance
et de l'évolution
de notre
monde
aux
premiers
âges,
mais de
préciser
ce qu'il
en faut
savoir
pour
comprendre
l'histoire
du salut
: Dieu
seul a
créé
l'univers
avec
tout ce
qu'il
renferme
et en
demeure
le maître
absolu;
l'homme
est le
produit
d'une
intervention
particulière
du Créateur
qui le
veut «
à son
image »
(chapitre
1 et 2).
La parité
des
sexes
est
affirmée
dans
l'acte
qui fait
cet
homme «
mâle et
femelle
»
(chapitre
1) et «
d'une même
chair »
(chapitre
2);
l'unité
de l'espèce
apparaît
dans l'évocation
d'un
couple
unique,
qui la
représente
tout
entière.
L'humanité,
comblée
des dons
divins
dans son
état
primitif
d'innocence
(chapitre
2),
porte la
responsabilité
d'une
faute
qui
entraîna
une déchéance
dont les
misères
de la
vie et
de la
mort
sont la
conséquence
(chapitre
3): mais
elle reçut
dès
lors
l'espérance
d'un
triomphe
final
sur le
mal
(chapitre
3,
verset
15).
Sous
réserve
de
telles
données,
les
merveilleuses
images
du texte
biblique
ne
condamnent,
ni
d'ailleurs
ne
confirment,
aucune
des
hypothèses
scientifiques
sur les
modalités,
l'ordonnance
chronologique
et la
durée
des phénomènes
ou des
événements
rapportés.
La plupart
des
réalités
qu'elles
expriment
échappent
au
domaine
de la
science,
même
s'il
arrive
que
celle-ci
en
découvre
certains
aspects.
Du
Paléolithique
à la
Protohistoire
Les
millénaires,
dont les
généalogies
traditionnelles
(chapitres
4,17-22
; 5,
3-32
; 10 et
11,
10-32)
ne
tendent
nullement
à
définir
le
nombre,
et au
cours
desquels
les
hommes
de
toutes
races
prennent
possession
de la
terre,
ne sont
illustrés
que par
trois
épisodes
principaux
que
restituent
certains
échos
dans les
mythologies
païennes
: celui
dont
Abel et
Caïn
(chapitre
4) sont
les
héros,
celui du
Déluge
(chapitres
6 à 9)
et celui
de la
Tour de
Babel
(chapitre
11,1-8).
L'un
incite
au culte
dû à
Dieu et
stigmatise
l'homicide;
l'autre
commémore
un
cataclysme
où
périt
une
société
corrompue,
mais qui
épargne
le juste
pour un
renouveau;
le
dernier
montre
la
vanité
des
prétentions
de
l'homme
à
s'affranchir
de la
tutelle
divine.
Histoires
familiales
qui font
l
Histoire
sainte
La
deuxième
partie
de la
GENÈSE,
chapitres
12 à
50,
constitue
la
chronique
d'Abraham
et des
grands
patriarches
de sa
lignée.
Les
traditions
d'Israël
qui
l'alimentent
ont
été
elles
aussi
recueillies
par les
documents
yahviste
et
sacerdotal
précédemment
cités.
Mais un
troisième,
qui
draina,
vraisemblablement
après
la
sécession,
sous le
règne
de
Jéroboam
II (8e
sc. av.
J.C.),
les
traditions
des
tribus
nordistes,
fournit
un
nouvel
appoint;
il est
dit «
document
élohiste
» parce
qu'il
fait
volontiers
du mot
elohim
(«
divinités
») le
nom
propre
du vrai
Dieu.
Sans
doute
a-t-il
été
combiné
au
document
yahviste
qui
reflète
les
traditions
du sud,
après
la
disparition
du
royaume
israélite
du nord,
sous le
roi
Ezéchias
de Juda
(8e sc.
av.
J.C.).
Les
apports
de ces
trois
documents
principaux,
complétés
par
quelques
autres
encore,
expliquent
certaines
incises
mal
intégrées,
certaines
divergences
de
détail
dans les
évocations
d'un
même
événement
et
peut-être
d'insignifiants
doublons,
négligés
par les
rédacteurs
de la
formule
définitive,
plus
soucieux
du
contenu
spirituel
de l'œuvre
que de
la
rigoureuse
concordance
des
témoignages,
'chère
à nos
historiens.
Cette
«
histoire
» est
avant
tout une
histoire
sainte.
Cependant
composée
d'histoires
familiales,
léguées
de
pères
en fils,
ou par
les
sages et
les
conteurs
des
tribus,
durant
des
siècles,
avant
d'être
fixées
par
écrit.
La forme
peut
être
celle
d'une
sublime
épopée
ou celle
de
pittoresques
récits
populaires,
le même
respect
pour les
paroles
et les
actes
des
grands
ancêtres
dans
leurs
relations
avec le
Dieu
d'Israël
garantit
la
substance
des
enseignements
et des
faits
importants;
c'est
là
l'essentiel.
Que
l'origine
ethnique
des
patriarches,
voire
les
liens de
parenté
selon le
sang qui
les
unissent
entre
eux et
à
toutes
les
tribus
hébraïques
soient
discutables,
demeure
de
moindre
intérêt.
La
filiation
existe
selon le
choix
divin.
Elle
assure
la
continuité
de
l'Alliance
divine
conclue
avec le
premier
d'entre
eux, et
la
transmission
de la
promesse
alors
faite à
Abraham
(chapitres
12 à
25, 18)
dont les
vrais
héritiers
sont
bien
Isaac et
Jacob-Israël
(chapitres
25, 19
à 36),
« père
» des
douze
tribus
qui se
réclament
de lui.
Le livre
s'achève
par «
l'histoire
de
Joseph
»
(chapitres
37 à
50), où
s'inscrit
l'épisode
de Tamar
et Juda
(chapitre
38).
Elle
prépare
l'affinage,
au
creuset
de
l'Égypte,
du noyau
dont l'
EXODE
fera le
peuple
d'Israël.
Les
images et les textes proviennent de : en ce temps là la
bible. Éditions
du Hennin Paris 1977